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L'ardoisière

L'enfant sauvage sur Netflix

Publié le 09/11/2024

parmarineplardoisière ,
Victor l’enfant sauvage a grandi seul dans la forêt avant d’être recueilli par le Dr Itard. Il découvre alors le monde moderne et ne parvient pas à s’y adapter. Et si Victor avait eu un smartphone dans la forêt ? Quel en aurait été son usage ?
Le travail ci-après est en deux parties. Dans un premier temps je présenterai la création numérique que j’ai choisie d’élaborer pour Victor : son profil Netflix. J’expliquerai comment et pourquoi je l’ai construit. La deuxième partie de ce travail est une réflexion sur l’usage des smartphones par les enfants.
Et si Victor avait un profil Netflix ?
J’ai choisi d’utiliser l’application Netflix pour Victor à qui on a imaginé donner un téléphone. J’ai pris le modèle de l’application Netflix pour la personnaliser à Victor et faire comme s’il avait son propre compte sur son téléphone. Avec donc la même présentation que le site, ce qu’il a regardé, sa liste de film/série à regarder plus tard…
Je pense que ce que l’on regarde sur internet, le type de film/série auquel on s’expose montre en quelque sorte qui on est et d’une certaine manière est le reflet de notre personnalité. C’est pourquoi j’ai trouvé pertinent de montrer par ce biais-là qui est Victor, sa relation au monde nouveau qu’il découvre et son évolution dans celui-ci.
J’ai ici imaginé que Victor se servait du téléphone et donc de Netflix pour comprendre et s’adapter au monde qui l’entoure, en passant de la forêt à une société civilisée.
J’ai essayé de montrer les films qu’il a pu regarder chronologiquement dans sa vie. En partant du début de l’histoire avec l’abandon dans la forêt, au moment où il est trouvé puis « étudié » jusqu’à la fin du roman.
J’ai choisi de lui faire une page sur laquelle il a pu mettre des commentaires et dans lesquels il peut faire des liens entre les films qu’il a vu et sa propre vie, son expérience personnelle. Cela permet de mieux comprendre le ressenti de Victor et sa manière de s’approprier les films.
Ici j’ai choisi de commencer les films qu’il a vu par « Frères » qui est un film qui raconte l’histoire de deux frères qui ont été abandonnés dans la forêt par leurs parents à l’âge de 5 et 7ans, sûrement le même âge que Victor. Faire écrire des commentaires à Victor sur les films permet de mieux se situer dans le roman et d’essayer de comprendre comment Victor a pu vivre les choses, ou en tout cas d’illustrer son histoire.
La série « Man VS Wild » permet d’illustrer le moment après l’abandon de Victor où il a forcément dû s’adapter à la nature pour survivre. Dans cette série l’acteur montre des techniques de survie en pleine nature avec les moyens que la nature offre, soit presque rien. J’imagine alors Victor quand il a dû se nourrir, se protéger et survivre tout seul alors qu’il n’était qu’un enfant vulnérable.
J’ai par la suite choisi le film « La famille Bélier » qui raconte le quotidien d’une famille sourde et muette où seule la fille peut entendre et parler. Je le trouve pertinent pour illustrer les différences de langages rencontrées au cours de l’histoire. En effet Victor n’ayant jamais eu de contact humain lui permettant de développer un langage, lorsqu’il est trouvé par les chasseurs, il est incapable de communiquer avec eux car il n’a jamais appris à parler. Cela rappelle le moment où le docteur Itard essaye d’apprendre des choses à Victor en passant par des images et d’autres moyen que la parole. Peut-être qu’il finira par savoir chanter la java de Broadway…
Le film « L’éveil » raconte comment Le docteur Malcolm Sayer, jeune chercheur en neurologie, se donne la mission de guérir des malades atteints de pathologies psychiatriques prétendument incurables et comment il y parvient. Cela fait écho aux expériences que le docteur Itard a effectuées sur Victor pour comprendre son fonctionnement et comprendre comment l’enfant a pu s’adapter seul dans la nature. De plus ce film montre que lors d’une rencontre, il ne faut pas se fier à la première impression, qu’être curieux de l’autre permet de vraiment de le comprendre.
Enfin le film « Les choristes » rappelle l’orphelinat de Saint-Affrique dans lequel Victor a été emmené. Il montre à la fois la violence subie dans les lieux en communauté comme le harcèlement qu’a vécu Victor. Le professeur Clément Mathieu est particulièrement gentil et attentif à ses élèves tout comme l’approche que le docteur Itard a eu envers Victor.
J’ai par la suite décidé de fabriquer à Victor une liste de films en lien avec son histoire qui viennent compléter les films qu’il a vu. Le premier :«Mowgli», rappelle la vie de Victor avant d’être trouvé par les humains. Un enfant dit « sauvage » car il vit seul dans la nature et est entouré seulement des animaux.
Le 2ème série que j’ai choisie pour Victor est : « Le cerveau en bref ». J’ai trouvé intéressant de lui faire mettre dans sa liste cette série qui explique comment fonctionne le cerveau humain mais également la société. Le rôle de cette série est de lui faire appréhender l’humain, de mieux comprendre les expériences qu’il vit avec Itard et de comprendre son propre fonctionnement.
L’ajout du film « 365 jours », qui met en scène plusieurs scène à caractères sexuels inadapté aux enfants et qui fait la culture du viol, est pertinent pour montrer l’accès possible à tous types de vidéos même les moins adaptés.
Ensuite le film « Première année » est intéressant pour illustrer les apprentissages difficiles qu’à du faire Victor avec le docteur Itard. Il apporte également des informations sur les modes d’apprentissages et l’esprit de compétition, de concurrence, que Victor ne connaît pas mais va devoir apprendre au fur et à mesure de sa socialisation.
Pour finir le film « Le bal des folles » est pertinent pour montrer l’aliénation des personnes différentes. Dans le film les « folles » sont complétement exclues de la société, comme Victor qui ne possède aucun code social et qui est donc rejeté par tous où du moins incompris et traité différemment. Cela rappelle son passage à l’orphelinat de Saint-Affrique
Maintenant que nous connaissons les choix de Victor sur Netflix, nous allons nous demander quelles sont les conséquences pour lui d’avoir accès à toutes ces vidéos. Un accès illimité et incontrôlé à toutes les vidéos, que ce soit des films ou des séries a à la fois des avantages et des inconvénients. D’un côté Victor est libre de découvrir en autonomie des œuvres variées, lui donnant accès à des connaissances et à une certaine forme de culture, en lien avec la société qu’il découvre. D’un autre côté, il en a une vision très réduite à cause des algorithmes qui ciblent des films et séries correspondant à ses choix antérieurs. Ainsi cette ouverture sur le monde lui permet d’élargir sa culture, de s’identifier à certains personnages et de se sentir moins seul. Cela peut aussi être une aide à sa socialisation en lui montrant par le biais de scénarios comment fonctionnent les relations humaines.
Par contre il est également exposé à des contenus inadaptés à son âge comme le film 365 jours qui montre la sexualité comme violente, qui met en avant la vente de drogues… Victor qui ne connaît rien à la vie en société va forcément se créer une vision partielle de la vie à cause de ces vidéos. On peut donc se poser la question pour Victor : est ce une bonne chose de découvrir le monde à travers des films, cela ne limite-t-il pas sa compréhension du monde ?
Partie 2 : réflexion sur l’usage des smartphones par les enfants
Le smartphone vous apparaît-il comme un danger ou comme une chance pour la jeune génération ?
L’usage des smartphones par les enfants est une question actuelle qu’il est important de se poser que l’on soit parents, adulte, professeur… Tous les gens travaillant avec les enfants devraient se poser la question et y réfléchir pour s’adapter à l’évolution des normes de la société. En effet nous vivons dans une société qui évolue avec le numérique et celui-ci prend une place considérable dans notre quotidien. Les enfants y sont donc forcément plus exposés, mais à quel point et quelles en sont les conséquences pour eux ?
Comme le précise l’article du Haut conseil de la santé publique  La surexposition des jeunes enfants (0 à 6ans) aux écrans peut entrainer des retards non négligeables sur le langage, le développement cognitif et les apprentissages. Il y a également un impact négatif sur la qualité et la quantité de sommeil des enfants exposés aux écrans en comparaison de ceux qui ne le sont pas ou moins.
Les enfants exposés aux écrans ne savent pas s’auto-réguler et dire stop quand le temps passé dessus est trop long, ce qui signifie que les parents ont un rôle fondamental quant à l’exposition aux écrans de leurs enfants. Les écrans sont une source de pure dopamine pour le cerveau ce qui peut développer des comportements à tendances addictives que les enfants seuls ne peuvent pas gérer et un contrôle de la part des adultes est alors primordial.
La surexposition aux écrans enferme en quelque sorte les enfants dans une bulle et le rapport à l’autre peut alors être altéré. En tant qu’animatrice en centre de loisirs, j’ai à plusieurs reprises dû faire face à des situations où les enfants ne veulent faire aucune activité autre qu’avec un écran. Certains répétaient sans cesse qu’ils seraient mieux chez eux à « jouer à la console », « être sur mon téléphone ». Ce genre de discours montre bien que les écrans ont une place forte dans leur vie qui peut écarter d’autres activités qu’elles soient manuelles, sportives ou sociales. Cela peut aussi limiter la créativité, l’imaginaire des enfants qui sont pourtant des éléments importants pour eux. Ils ont plus de mal à s’inclure car se mettent en dehors du groupe pour ressasser qu’ils veulent leurs téléphones, leurs jeux en lignes.
Par ailleurs, selon une étude entre 6 et 10 ans, près de la moitié des enfants (46 %) possède son propre smartphone. La plupart du temps, les enfants utilisent Internet en fin de journée (après l’école). On comprend alors que le téléphone joue ici un rôle de détente et de relâchement. Mais n’existe-il pas d’autres moyens pour se détendre ? La lecture, le sport ou des activités manuelles ont des vertus similaires sans les conséquences néfastes des écrans.
Le problème est que la gestion de l’exposition aux écrans des enfants doit se faire par des adultes qui sont eux même très exposés qui ne s’autorégulent pas forcément. En sachant que les enfants apprennent par imitation, s’ils voient leurs parents toujours sur le téléphone, regarder la télévision pendant les repas ; mais que ceux-ci leurs disent non aux écrans, cela génère un conflit interne chez l’enfant. On se retrouve dans la situation « fais ce que je dis, pas ce que je fais » qui pose problème. Par ailleurs, certains parents ne limitent tout simplement pas l’usage du numérique par leurs enfants : D’après une étude, 73 % des parents ont mis en place des solutions permettant d’encadrer l’utilisation d’Internet par leur enfant (contrôle parental par exemple). Ce qui fait tout de même 27% qui ne le font pas et qui exposent alors leurs enfants à de nombreux dangers. Nous voyons donc qu’il existe des moyens de réguler l’accès aux écrans et l’éducation des parents et des enfants semble essentielle aujourd’hui. Le gouvernement a d’ailleurs mis en œuvre en 2022 un Plan d’action pour l’usage raisonné des écrans, signe de l’importance du problème.
Nous avons jusqu’ici mis en avant les aspects négatifs des écrans mais force est de constater qu’ils sont omniprésents et peuvent aussi avoir un intérêt. Effectivement les réseaux sociaux permettent de maintenir des liens sociaux, simplement d’une autre manière. Ils permettent de partager aux autres de manière rapide ce que l’on fait, il faut tout de même rester vigilant à garantir la sécurité des données partagées. Là est le rôle de parents et de la prévention aux réseaux sociaux. L’usage du numérique permet aussi aujourd’hui d’avoir un accès à toute la connaissance du monde facilement et rapidement. Il permet d’ouvrir l’esprit sur les différentes cultures qui existent.
En conclusion l’usage du numérique n’est pas à bannir s’il est modéré et bien utilisé. Il peut alors être une bonne ressource dans l’éducation et l’épanouissement des enfants. C’est une histoire d’équilibre à trouver, les adultes ayant ici une grande responsabilité envers les enfants.
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